Chapitre 4

Les centres nerveux régulateurs concernés


Alors que la partie supérieure du cerveau (psychique majeur ou cortex cérébral) assure les activités conscientes et volontaires, les centres nerveux du tronc cérébral et de la base du cerveau, contrôlent eux le fonctionnement inconscient et involontaire de tout l’organisme.
Parmi ces centres on citera notamment les noyaux rouges, le locus niger, le corps de Luys, les tubercules quadrijumeaux (centres nerveux mésencéphaliques), le thalamus, les corps striés, l’hypothalamus (centres nerveux diencéphaliques), le cervelet et la formation réticulée.
Avant de replacer l’oeil dans l’équilibre unifié de l’individu, il faut déjà modifier notre conception de la vision en fonction des progrès de la neurophysiologie.
Nous limitons usuellement la motricité oculaire à la psychomotricité cérébrale (aires n°8 et 19 de Brodmann).
Nous oublions que cette psychomotricité n’agit pas directement sur des muscles au repos, mais sur de complexes centres nerveux oculo-moteurs situés dans le tronc cérébral (noyaux moteurs des nerfs crâniens III, IV et VI).
Mais il serait encore incomplet de ne considérer que les neurones oculo-moteurs cérébraux et souscorticaux.
Leur état de surexcitation et d’inhibition adapté aux besoins (schèmes spatio-temporels fluctuants) ne dépend pas uniquement de l’arrivée directe des messages des sensibilités rétinienne et musculaire (information proprioceptive venant de l’oeil). En effet, ces sensibilités agissent aussi indirectement, sur les neurones oculo-moteurs, à partir de l’influence qu’elles exercent sur les centres régulateurs non spécifiques de la base du cerveau, dénommés formation réticulée.
Organisation primitive fondamentale, le système réticulé s’étend de la moelle jusqu’au diencéphale, et constitue un réseau dense de fibres orientées longitudinalement et transversalement.
Son nombre considérable de synapses explique le caractère diffus de son activité et l’importance des rôles fonctionnels qu’il occupe dans le système nerveux central :
* régulation de la vigilance et du sommeil (formation réticulée activatrice ascendante)
* régulation des fonctions végétatives (formation réticulée végétative)
* régulation de la motricité (formation réticulée descendante).
Les informations rétinienne et musculaire oculaires établissent des connexions avec la formation réticulée activatrice ascendante. Les courants ascendants de ce système réticulé activateur se projettent, après relais thalamique, sur l’hypothalamus et le cortex cérébral.
L’éveil cortical diffus, qui en résulte, joue alors un rôle capital dans la vigilance et l’attention (RHINES et MAGOUN, 1946).
A la mise en état de vigilance du cortex cérébral par le système réticulaire activateur ascendant, répond alors, en retour, la mise en état de vigilance des centres réticulaires effecteurs constitutifs de la formation réticulée descendante jouant un rôle déterminant dans la régulation motrice.
On comprend donc que par la mise en jeu finale de la formation réticulée descendante, ce n’est plus la seule influence des sensibilités rétinienne et musculaire oculaire qui s’est manifestée sur les centres oculo-moteurs, mais toutes les influences somatiques et psychiques qui ont convergé leurs effets sur celle-ci. La motricité oculaire, donc l’imagerie oculaire est ainsi un test de l’état général d’équilibre ou de déséquilibre neuro-psychique.
Pour un physiologiste qui décrit un idéal d’homme, normal, équilibré, la formation réticulée est le centre de la sagesse du corps et, par le cerveau, du psychisme au travers de l’harmonie des aiguillages nerveux.
Usuellement, notre ignorance et notre manque d’hygiène dans le contexte d’une civilisation inhumaine, car reposant sur des idéologies socio-économiques qui négligent les besoins biologiques, font de la formation réticulée, proie d’influx nerveux surexcités et désorganisés, le centre de cette folie psychosomatique que sont : fatigue nerveuse avec insomnie, impossibilité de se concentrer, troubles viscéraux variés, contractures musculaires et répercussions oculomotrices que teste l’appareillage Quertant.
Une relaxation musculaire, remédiant à la crispation de fatigue, peut apaiser la formation réticulaire étendant ses effets à tous les domaines psychosomatiques ; il en sera de même de la rééducation visuelle.
Les stimulations optiques agissent également directement sur une autre structure nerveuse, l’hypothalamus, par les voies rétino-hypothalamiques (ROUSSY et MOSSINGER, 1935).
On attribue à ce centre nerveux diencéphalique trois fonctions essentielles :
* fonction neuro-végétative, l’hypothalamus étant une sorte de « cerveau viscéral » qui commande, à un niveau supérieur, le système nerveux sympathique et assure l’homéostasie du milieu intérieur.
* fonction neuro-endocrinienne, où il assure par son activité propre et par ses connexions à l’hypophyse, « cerveau endocrinien », l’hormonostatie.
* fonction de régulation des comportements, par sa participation au circuit de Papez (circuit hippocampo-mamillo-thalamocingulaire), et ses multiples connexions limbiques, qui en font un centre limbique au sens large.
Selon le Professeur MOSSINGER, l’hypothalamus semblerait aussi agir sur l’oculomotricité, révélant dès lors, à nouveau, la pertinence des réponses oculo-motrices que teste l’appareillage QUERTANT, comme un témoin de l’état hypothalamique du sujet.

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